Revenir au site

Travailler dans un espace de coworking ? Oui, mais pas n’importe où et pas avec n’importe qui

Le nouveau modèle économique issu de l’économie digitale qui s’impose aujourd’hui se résume en deux mots : plateforme et communauté. L’un n’allant pas sans l’autre, puisque toute communauté s’exprime à travers une plateforme. Les espaces de coworking qui s’ouvrent partout dans le monde en sont la parfaite illustration. Ils ne font pas qu’uberiser le monde de l’immobilier d’entreprise, ils sont devenus des lieux traduisant le désir de s'échapper à la demande de son bureau ou de chez soi et de s'entourer de nouveaux collègues… mais en ayant le choix !

Comme l’article sociologique de Jean-Marie Célérier l'a particulièrement bien démontré, le modèle du coworking n’existe pas. On découvre qu'il y a autant de typologies que d’individus et que le mouvement n’est pas prêt de s’arrêter. La conférence SocialWorkPlace qui s’est déroulée le 19 avril dernier, a présenté les perspectives du Global Coworking Survey 2017 de Deskmag : 13 800 espaces pour 1 180 000 membres. Seule ombre au tableau (mais c’est le lot de toute innovation), uniquement 41% de ces lieux sont rentables.

Les publics sont devenus très hétérogènes : indépendants, start-up, petites entreprises et salariés de grands groupes. Motivations des employés : avoir de meilleures conditions de travail, encourager la créativité, faciliter le réseautage, réduire les transports. Motivation des employeurs : s’établir dans une nouvelle ville, réduire les coûts et le risque, se rapprocher de start-up, recruter des nouveaux talents et bénéficier d’une image moderne. Chaque partie s’y retrouve.

Les critères de choix sont identiques pour tous ces nouveaux prétendants au coworking : avoir accès à une communauté intéressante, travailler dans une atmosphère particulière, bénéficier d’une disposition d’espaces originale, le quartier et le coût.

Plus plateforme que communauté ? Chaque coworking déploie son marketing et sa marque pour attirer ses clients. Si certains organisent des séances de sélection des nouveaux membres avec signature de valeurs communes, d’autres évoquent plus sobrement des espaces « extra-professionnels » pour ne pas se transformer en club de loisirs. L’article de Jean-Laurent Cassely pour Slate, compare et interroge les différents modèles à l’œuvre. Cette effervescence permet à chacun de trouver son bonheur.

A l’heure du chômage de masse en France, on pourrait également trouver paradoxal d’ouvrir autant de lieux pour les travailleurs. Ces espaces collaboratifs qui mettent en avant la relation humaine n’auraient-il pas oublié l’innovation sociale ? Ce n’est que grâce à l’initiative de l’association Solid’office que le coworking s’ouvre aussi aux personnes en recherche d’emploi et à des prix défiants toute concurrence. Une belle collaboration concrète avec Bureaux A Partager qui remporte un vif succès en plus de baser son modèle économique sur le recyclage de bureaux inoccupés.

Mais où est passé le travail dans les espaces de coworking ? Étonnamment, on n’en parle peu…

@HBedonRouanet