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Comment s'appelle une start-up qui a réussi ?...Une entreprise !

Le phénomène des start-up est réjouissant. Voir éclore de nouveaux business, de nouvelles idées, de nouvelles façons de faire dans le paysage économique traditionnel est sain. Cette nouvelle économie, en voulant faire du passé table rase, en oublierait presque de grandir. Difficile de quitter le monde merveilleux (ou presque) des start-up pour tomber dans celui bien plus normé de l'entreprise.

Les professionnels de la communication connaissent bien le concept du storytelling. Il s'agit de faire de sa marque ou d'un personnage un héros et donc de lui fabriquer de toute pièce un ennemi, de lui trouver une quête et quelques alliés pour s'en sortir et enfin de gagner. L'imaginaire de la start-up s'est construit contre le modèle de l'entreprise traditionnelle en s'identifiant à David contre Goliath, plus agile et plus maligne et capable de menacer les grands groupes. Ceux-ci comme les géants chassant les abeilles d'un revers de main, ont souvent le dernier mot. Soit ils soutiennent financièrement ces nouveaux venus pour mieux les contrôler et leur rappeler que le pouvoir est de leur côté (participation à des levées de fonds, création d'incubateurs), soit ils les achètent sans aucun problème de trésorerie si celles-ci vont leur permettre d'être encore plus grands (acquisition), soit elles les laissent jouer au loin en attendant que la fête soit finie (cf les nombreuses liquidations judiciaires des start-up).

Car pour rappel, une start-up ou jeune pousse, ce n'est d'abord qu' une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance qui n'a pour vocation qu'à devenir très vite une entreprise comme les autres.

Jusqu'au sommet de l'Etat, toute l'attention économique se porte aujourd'hui à aider les start-up, à les parquer dans des incubateurs thématiques ou géants (comme le nouveau support à avoir absolument dans son plan de communication). Notre société a tellement besoin d’espérance. On en oublierait presque les effets de seuil mortels de notre système économique plein de freins et de lourdeurs qui ne permettent pas aux start-up de grandir. Comme une mère qui n'a pas envie de voir ses enfants partir, l'écosystème protecteur qui règne autour de la nouvelle entreprise innovante lui permet de se reposer longtemps avant de se confronter aux réalités du marché. Parfois, plus mûre, elle claque la porte et fugue à l'étranger (c'est le cas de nombreuses start-up qui s'expatrient).

La bonne nouvelle c'est que l'arrivée des start-up permet de remettre l'entrepreneur et la petite entreprise au cœur des débats et de l'attractivité au détriment du grand groupe. Mais il va falloir apprendre à celles-ci à oser être des entreprises et de sortir de leur cocon. Au rythme que prend le phénomène start-up, nous allons tous en être bientôt lassés et nos yeux vont se porter à nouveau vers l'entreprise indépendante qui a su trouver un marché et réussir en toute liberté grâce à des clients.

Comme les histoires d'amour, certains disent que l'esprit start-up dure 3 ans. Dès que l'équipe grandit, les process reprennent la main. L'investissement des salariés des premiers jours diminue (ils estiment qu'il faut préserver leur vie privée), les problèmes de communication et rapport hiérarchique arrivent, les difficultés de management s'intensifient. Ce qui est motivant dans une start-up c'est son avenir, et ce qui est le plus éprouvant...c'est son avenir aussi. Si des équipes partent, on se dit que c'est normal dans un modèle en construction...mais en fait c'est parfois révélateur que la croissance s'annonce déjà mal.

 

C'est le défi le plus noble pour une start-up : savoir devenir une entreprise comme les autres.

 

@HBedonRouanet